Unitaid a été fondée en 2006 par le Brésil, le Chili, la France, la Norvège et le Royaume-Uni afin de combattre les inégalités croissantes en matière de santé mondiale.
Conformément aux objectifs du Millénaire pour le développement, alors nouvellement adoptés, qui comprenaient de premiers objectifs d’éradication des « trois pandémies » (le VIH, la tuberculose et le paludisme), et au vu des progrès dans les technologies de la santé, susceptibles de produire de grandes améliorations, Unitaid a été créée pour garantir que toutes et tous, dans toutes les régions du monde, puissent bénéficier de ces avancées.
En identifiant des solutions novatrices pour résoudre les problèmes complexes de santé mondiale et en s’attaquant aux facteurs qui entravent la mise en œuvre à grande échelle de ces solutions, Unitaid est parvenue, au cours de ses 15 années d’existence, à débloquer l’accès à plus de 150 produits de santé.
« Pensez aux avancées les plus révolutionnaires des quinze dernières années dans la lutte contre la tuberculose, le VIH et le paludisme : qu’est-ce qui vous vient à l’esprit ? » s’enquiert le Dr Philippe Duneton, directeur exécutif d’Unitaid.
« Les nouveaux traitements antirétroviraux contre le VIH, les améliorations spectaculaires des traitements et de la prévention de la tuberculose, les moustiquaires, la pulvérisation intra-domiciliaire, la prévention du paludisme saisonnier, le vaccin antipaludique, les autotests de dépistage du VIH et la prophylaxie pré-exposition (PrEP), l’amélioration des outils de diagnostic de la tuberculose et de dépistage du VIH chez les nouveau-nés, les médicaments permettant aux enfants de suivre des traitements…
Le succès de chacune de ces innovations (et de bien d’autres encore) est en grande partie dû à Unitaid. »
« Lorsque j’ai découvert que j’étais séropositive, il n’existait aucun traitement pour les personnes vivant avec le VIH dans mon pays, » explique Maurine Murenga, militante, représentante de la société civile et femme vivant avec le VIH.
« Nous ne faisions que survivre – en attendant de tomber malades et mourir. »
À la naissance de son fils, en 2002, Maurine n’avait accès à aucun médicament qui lui aurait permis de traiter sa maladie et d’empêcher la transmission du virus à son enfant, qui a été infecté à la naissance.
Les médicaments antirétroviraux ont peu à peu commencé à arriver au Kenya et dans d’autres pays, mais l’approvisionnement était limité et ces produits étaient trop chers pour la plupart des personnes. Par l’intermédiaire du Medicines Patent Pool (la Communauté de brevets des médicaments), Unitaid a négocié des licences volontaires pour assurer la baisse des prix et mettre en place un marché des médicaments génériques pour le traitement du VIH. Des démarches supplémentaires ont permis l’introduction rapide de nouveaux médicaments moins toxiques et d’une association thérapeutique qui réduit le nombre de comprimés à prendre de 24 par jour à un seul.
Cependant, malgré l’amélioration des possibilités de traitement pour les adultes, l’accès aux soins pour le fils de Maurine demeurait insuffisant.
« Il était extrêmement difficile pour nous, en tant que mères, de suivre un traitement tout en voyant nos enfants mourir de l’infection que nous leur avions transmise, déclare-t-elle. Nous avons commencé à donner à nos enfants des médicaments destinés aux adultes. Nous divisions les comprimés en deux, mais parfois, l’un des morceaux était plus gros que l’autre et nous ne pouvions pas être sûres que le dosage était correct. Nous avons connu de nombreuses complications et perdu de nombreux enfants. »
Pendant des dizaines d’années, les enfants et les personnes qui en avaient la charge ont dû se battre pour soigner les enfants atteints de maladies pour lesquelles des traitements existaient, en l’absence de formulations adaptées. Les médicaments adaptés aux enfants, qui se présentent sous la forme de sirops au goût fruité ou de poudres qui se dissolvent dans une boisson et qui sont dosés selon le poids de l’enfant, sont essentiels pour garantir un traitement adéquat.
Prenant acte de cette énorme lacune, qui représentait un danger mortel pour les enfants, Unitaid a réalisé des investissements qui ont rapidement permis de concevoir des formulations pédiatriques pour plusieurs médicaments, grâce auxquelles les enfants ont pu recevoir un traitement contre le VIH, guérir de la tuberculose et accéder aux traitements préventifs contre le paludisme. Unitaid est allée encore plus loin en négociant des baisses de prix pour permettre à tous les enfants de bénéficier de ces traitements.
« Les innovations ne parviennent pas automatiquement à toutes les personnes qui en ont besoin. Chaque année, des milliards de dollars sont investis dans la recherche et le développement en matière de santé, mais très peu de ressources sont mobilisées pour garantir que ces produits sont mis à la disposition des personnes vivant ailleurs que dans les pays à revenu élevé, explique le Dr Duneton. C’est ici qu’intervient Unitaid : lorsque les produits ne sont pas accessibles aux personnes ciblées ou ne réalisent pas l’entièreté de leur impact potentiel. »
Les données opérationnelles sont souvent le chaînon manquant qui peut expliquer l’utilisation restreinte d’un nouvel outil au lieu de son adoption à grande échelle. Sans ces données, de nombreux outils susceptibles de sauver des vies resteraient confinés en laboratoire ou stockés sur une étagère, en l’absence d’éléments probants pour orienter les recommandations stratégiques ou les approbations réglementaires requises pour concevoir des programmes nationaux porteurs de changements concrets.
"Depuis 15 ans, Unitaid aide les pays à mettre à l’échelle des innovations qui sauvent des vies", a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). "L'OMS est fière de travailler aux côtés d’Unitaid pour identifier les lacunes et concevoir les interventions les plus à même de protéger et promouvoir la santé. En s'efforçant de faire en sorte que les innovations ne restent pas bloquées sur la voie de la mise à l'échelle, l'ensemble du système de santé mondial bénéficie du modèle d'Unitaid."
Pour répondre à ces graves lacunes, Unitaid a joué un rôle précurseur dans l’introduction de produits et d’interventions révolutionnaires qui sont aujourd’hui les piliers des initiatives de lutte contre les maladies.
“Grâce à Unitaid, davantage de personnes à travers l’Afrique ont accès aux meilleurs traitements contre le VIH à une fraction du prix d’origine. De jeunes enfants ont été guéris de la tuberculose grâce à des formulations de qualité faciles à administrer. Des millions de jeunes sont mieux protégés contre le paludisme grâce à la distribution saisonnière de médicaments à grande échelle, une approche qui a permis de réduire considérablement la mortalité infantile sans augmenter les coûts”, a déclaré le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, dans une déclaration publiée à l’occasion de l’anniversaire d’Unitaid.
Malgré les progrès considérables accomplis au cours des quinze dernières années, le monde se trouve aujourd’hui dans une situation comparable au contexte à la création d’Unitaid. Bien que l’agent pathogène (la COVID-19) soit nouveau, on observe les mêmes modèles caractérisés par des prix élevés, des stocks inaccessibles et une distribution inéquitable, qui créent des divergences dans les réponses apportées à la pandémie par les différentes régions du monde.
Unitaid joue un rôle de premier plan dans l’Accélérateur d’accès aux outils contre la COVID-19 (ACT-A), un puissant partenariat constitué par les principaux organismes de santé mondiaux, qui unissent leurs efforts pour concevoir et distribuer les vaccins, les traitements, les outils de diagnostic et d’autres produits essentiels le plus rapidement possible afin de garantir que toutes et tous, dans le monde entier, puissent bénéficier d’interventions de santé de la meilleure qualité.
L’oxygène, médicament essentiel pour traiter de nombreuses maladies graves, représente l’un des piliers du traitement de la COVID-19. Les efforts déployés par Unitaid pour améliorer l’accès à ce produit pendant la pandémie ont aidé les pays à élaborer des feuilles de route stratégiques au niveau national et à conclure des accords avec les principaux fournisseurs d’oxygène médical, ce qui a permis d’éliminer les obstacles en matière d’approvisionnement, d’élargir la distribution d’oxygène et de baisser les prix pour les pays qui en avaient le plus besoin.
« Nos travaux visant à faire progresser la lutte contre la COVID-19 aident à construire des systèmes de santé plus solides, plus résilients et mieux préparés. Cependant, les nouveaux outils qui ont permis à de nombreux pays à revenu élevé de contrôler la pandémie demeurent inabordables pour un grand nombre d’autres pays, déclare le Dr Duneton.
En outre, la pandémie a eu un effet dévastateur sur la quasi-totalité des programmes de santé mondiale existants. Bien que certaines interventions mises en place par Unitaid (par exemple l’administration du traitement antipaludique préventif au sein des communautés, l’utilisation des technologies numériques pour aider les patients à suivre leur traitement contre la tuberculose, ainsi que les autotests de dépistage du VIH) aient contribué à combler les lacunes en matière de de services de soins, la santé mondiale a connu un grave recul. »
Alors qu’il reste moins de huit ans pour réaliser le Programme de développement durable, Unitaid s’apprête à lancer une nouvelle stratégie ambitieuse qui redynamisera les démarches visant à relever les défis sanitaires d’hier et d’aujourd’hui. Cette stratégie prévoit un partenariat consolidé et plus systématique avec le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, en vue de mieux répondre aux besoins des personnes et des communautés touchées par les maladies.
« Unitaid et le Fonds mondial ont un objectif commun, tout en suivant des finalités très différentes, mais complémentaires, » affirme Peter Sands, directeur exécutif du Fonds mondial. « Unitaid pilote et stimule l’innovation, tandis que le Fonds mondial reprend les idées qui fonctionnent pour les mettre à l’échelle dans les pays.
Si nous ne changeons pas notre façon de faire, nous ne parviendrons pas à réaliser les objectifs de développement durable : nous avons besoin de plus de ressources, et nous avons besoin d’innovation – non seulement dans les technologies médicales, mais aussi dans notre démarche de distribution de ces produits, et dans notre manière de collaborer. »
Unitaid célébrera son quinzième anniversaire le 22 mai, lors d’un événement qui rendra hommage à ses accomplissements pour la santé mondiale, réalisés en collaboration avec ses partenaires, et redonnera de l’élan aux efforts déployés pour relever les défis qui perdurent.
Les bailleurs de fonds d’Unitaid sont le Brésil, le Chili, l’Espagne, la Fondation Bill & Melinda Gates, la France, le Japon, la Norvège, la République de Corée et le Royaume-Uni. Dans le cadre des activités d’Unitaid en réponse à la pandémie de COVID-19 et en qualité de partenaire leader au sein de l’Accélérateur ACT, l’organisation a reçu des financements supplémentaires de l’Allemagne, du Canada, de l’Italie, du Portugal et de la fondation Wellcome.
Unitaid est un partenariat hébergé par l’Organisation mondiale de la Santé.
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