Genève – Dans une lettre ouverte au président-directeur général de Johnson & Johnson (J&J), Unitaid, tout en saluant les investissements de J&J pour développer et commercialiser des médicaments innovants contre la tuberculose, a exprimé son inquiétude à propos du récent accord entre J&J et le Service pharmaceutique mondial (GDF) pour réduire le prix de la bédaquiline. En effet, il s’agit d’une solution incomplète qui empêchera l’accès au médicament à long terme.
La tuberculose pharmacorésistante, la forme la plus dangereuse et létale de tuberculose, touche près d’un demi-million de personnes chaque année. Comme trop peu de patients ont actuellement accès à un traitement approprié, la bédaquiline est indispensable pour des millions de personnes dans le monde.
L’accord entre J&J et le GDF a permis une réduction historique du prix du médicament de 55 %. C’est une mesure appréciée pour améliorer l’accès à ce médicament essentiel, pilier de tous les schémas thérapeutiques plus courts contre la tuberculose pharmacorésistante. Toutefois, le prix convenu de 130 $US pour un approvisionnement de six mois en SIRTURO® (bédaquiline) de J&J n’est disponible que dans les pays se fournissant par le biais du GDF, ce qui exclut de fait plusieurs pays où les taux de tuberculose multirésistante sont les plus élevés.
Par ailleurs, le bureau indien des brevets a rejeté en avril une demande de brevet secondaire de J&J pour la bédaquiline. Plusieurs fabricants de médicaments génériques devraient par conséquent arriver sur le marché indien, où résident le plus grand nombre de personnes atteintes de tuberculose multirésistante dans le monde. Le coût de la bédaquiline générique devrait ainsi encore être réduit, mais les brevets secondaires en place dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI) limiteront l’accès à ce médicament vital dans plusieurs pays supportant le fardeau le plus lourd de la maladie.
Unitaid appelle J&J à renoncer à ses brevets secondaires ou à accorder une licence exhaustive aux médicaments génériques et à commercialiser la bédaquiline au tarif négocié dans tous les pays, y compris ceux exclus de l’accord ou ne se fournissant pas par le biais du GDF.
Cet appel fait suite aux nombreux autres émis par des défenseurs au cours des derniers mois et restés sans réponse, demandant un accès équitable à la bédaquiline. Notons en particulier l’action de nations ne pouvant pas bénéficier de tarifs accessibles, notamment l’Afrique du Sud, la Biélorussie et l’Ukraine, entre autres.
Il est essentiel de répondre à ces demandes pour respecter l’engagement pris par les chefs d’État lors de la réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose le 22 septembre et pour fournir à 1,5 million de personnes un traitement contre la tuberculose pharmacorésistante d’ici 2027.
La lettre ouverte d’Unitaid à J&J est reproduite ici en intégralité.
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