Unitaid publie un rapport sur les outils et les interventions destinés au diagnostic et à la prise en charge de la prééclampsie, facteur majeur de mortalité maternelle

Points essentiels

• Le rapport met en lumière de nouveaux outils de dépistage basés sur des biomarqueurs sanguins capables d’identifier le risque de prééclampsie et d’éclampsie, et apporte parallèlement de nouvelles données probantes pour l’amélioration des outils existants de prise en charge et de prévention, comme les tensiomètres, l’aspirine à faible dose, les suppléments de calcium et l’échographie.
• La gestion de la prééclampsie et de l’éclampsie se heurte aux obstacles suivants : retard dans la première visite de soins prénatals, manque d’accès aux diagnostics et aux médicaments essentiels pour la santé maternelle en raison de problèmes d’offre et de demande, lacunes dans la recherche et le développement de nouvelles interventions, et accessibilité financière des diagnostics et appareils innovants.
• Mieux programmer la visite prénatale et améliorer la qualité des soins prénatals et leur continuité sont parmi les meilleurs moyens d’abaisser le risque de prééclampsie et de prévenir et de prendre en charge cette affection. Les interventions centrées sur les femmes, comme les approches de groupe et l’intensification de mesures de tension artérielle de précision dans les examens de routine, se traduisent par des résultats positifs.
• Le rapport souligne que rendre les outils diagnostiques et les interventions thérapeutiques accessibles matériellement et financièrement dans les environnements faibles en ressources fait partie des priorités essentielles, tout comme s’assurer que les interventions soient de qualité et toujours disponibles pour les femmes enceintes.

Genève – Un nouveau rapport publié aujourd’hui par Unitaid, intitulé Évaluation de la situation des innovations relatives aux produits et à la prestation de services pour le dépistage et la prise en charge de la prééclampsie (Landscape report on commodity and service delivery innovations for detection and management of pre-eclampsia), propose une synthèse détaillée des outils et des solutions de gestion de la prééclampsie et de l’éclampsie, des affections liées à la grossesse qui mettent en danger la vie des femmes enceintes et de leurs enfants à naître dans le monde entier.

Chaque jour, plus de 800 femmes meurent de complications liées à la grossesse et à l’accouchement. Presque tous ces décès ont lieu dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. La prééclampsie se manifeste par une tension artérielle élevée (hypertension), la présence de protéines dans l’urine (protéinurie) et/ou des signes de dysfonctionnement des organes cibles chez la mère, le plus souvent le foie et les reins. Le terme éclampsie désigne la survenue de crises convulsives généralisées chez une femme atteinte de prééclampsie.

« Cette analyse de situation des outils et solutions de gestion de la prééclampsie a un intérêt capital pour les partenaires tels que nous, en Sierra Leone et dans les autres pays à revenu faible ou intermédiaire, reconnaît le docteur Austin H. Demby, ministre de la Santé de la République de Sierra Leone, dans l’avant-propos du rapport. Elle nous aide à identifier les interventions à mettre à disposition en priorité absolue dans chaque centre de santé et chaque hôpital, à portée de main de chaque sage-femme et chaque médecin, et à définir les processus visant à assurer un accès fiable à ces produits. »

La prééclampsie représente un risque pour 3 à 10 % des grossesses dans le monde et cause plus de 76 000 décès maternels et 500 000 décès périnatals chaque année, dont 200 000 cas de mortinatalité. Ces 30 dernières années, l’incidence de la prééclampsie a augmenté de 11 %, parallèlement à l’augmentation des maladies non transmissibles comme le diabète, l’obésité et l’hypertension, qui sont des facteurs de risque de la prééclampsie.

« Le meilleur moyen d’éviter la prééclampsie et l’éclampsie est d’offrir de soins prénatals complets et opportuns, commente Kelsey Barrett, directrice technique d’Unitaid pour la santé maternelle et infantile. Les visites de soins prénatals fournissent des éléments essentiels aux agentes et agents de santé, qui ont besoin d’outils diagnostiques et thérapeutiques pour assurer une prise en charge de grande qualité pouvant limiter les risques menant aux complications de la prééclampsie. »

Le rapport d’Unitaid met en avant plusieurs nouveaux outils diagnostiques capables d’identifier le risque de prééclampsie chez une femme ou d’aggravation de son état. Deux tests à base de biomarqueurs sanguins, la tyrosine kinase 1 soluble analogue au fms (sFlt-1) et le facteur de croissance placentaire, pourraient être adaptés à l’utilisation dans les environnements faibles en ressources et permettre de mieux choisir les soins à apporter aux femmes à risque de prééclampsie ou d’éclampsie.

Le rapport examine aussi les interventions actuelles de dépistage et de prévention qui devraient être utilisées systématiquement lors de visites de soins prénatals de qualité et complètes. Ainsi, la mesure de la tension artérielle est le fondement du diagnostic et de la surveillance des femmes enceintes. L’étude souligne à quel point il est important que les cliniques de soins prénatals utilisent des tensiomètres validés et que le personnel médical soit bien formé. Le rapport met en avant des technologies innovantes telles que l’application d’autosurveillance de la tension artérielle OptiBP et le dispositif semi-automatique CRADLE VSA, doté d’un feu tricolore qui facilite l’interprétation par les agentes et agents de santé.

Le rapport de situation d’Unitaid montre l’engagement de l’organisation en faveur d’un meilleur accès à des outils plus performants, pour une grossesse et un accouchement plus sûrs, à la fois pour les femmes et les nouveau-nés. Il s’agit d’ailleurs de l’une de ses priorités programmatiques centrales.

« Assurer aux mères et aux nouveau-nés des soins de qualité dans un système de santé parfaitement fonctionnel nécessite l’effort de chacun, depuis les hauts fonctionnaires jusqu’aux agentes et agents de santé et aux leaders communautaires, affirme Janet Ginnard, directrice de la stratégie chez Unitaid. Unitaid sait que l’accès à des produits de santé maternelle et infantile de qualité requiert la participation des communautés, des marchés sains pour obtenir des outils vitaux et des soins de qualité. Ce n’est qu’ensemble que nous aurons un impact. »