Genève – La Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, le 24 mars, commémore le jour de 1882 où la bactérie responsable de la tuberculose a été identifiée. En 2023, 131 ans après cette découverte, la tuberculose demeure une cause majeure de décès par maladie infectieuse, dépassée seulement récemment par la pandémie de COVID-19.
Aujourd’hui, Unitaid se joint à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et à d’autres acteurs majeurs de la santé au niveau mondial pour demander l’adoption rapide de schémas thérapeutiques contre les souches tuberculeuses résistantes aux médicaments afin de traiter plus efficacement les patients, tout en réduisant considérablement la durée du traitement.
Les efforts visant à éradiquer la tuberculose ont depuis longtemps été contrecarrés par un manque de financement, d’attention et de volonté politique. Les systèmes de soins de santé ont ainsi dû s’appuyer sur des méthodes de diagnostic inefficaces, des traitements obsolètes et un grave manque de connaissances. Ces lacunes dangereuses ont permis à des souches tuberculeuses résistantes aux médicaments de se développer et se propager, en grande partie de manière non contrôlée.
Pendant la seule année 2021, 10,6 millions de personnes ont contracté une tuberculose et un demi-million d’entre elles ont été infectées par une souche ne répondant pas à certains, voire à de nombreux, et dans les cas sévères, à la plupart des médicaments disponibles pour le traitement.
La relance de la recherche de nouveaux médicaments et schémas thérapeutiques contre la tuberculose a permis le développement et l’examen de plusieurs nouveaux schémas thérapeutiques au cours de la dernière décennie. Des progrès ont ainsi pu être réalisés sur de meilleures options thérapeutiques destinées aux personnes atteintes d’une tuberculose résistante aux médicaments.
Le traitement de la tuberculose requiert une combinaison d’antibiotiques. Par conséquent, les nouveaux médicaments doivent faire l’objet d’un examen rigoureux pour prouver leur sécurité d’emploi et leur efficacité lorsqu’ils sont utilisés en association.
À l’âge de 34 ans, Ramaz a été dépisté positif dans un hôpital de Géorgie pour une tuberculose ultrarésistante. Il était infecté par une souche bactérienne devenue résistante à tous les médicaments disponibles pour traiter la tuberculose. C’était en 2016. Il était traité pour une tuberculose multirésistante depuis 2010, mais il avait dû arrêter deux fois son traitement qui induisait des effets secondaires sévères et toxiques.
La tuberculose résistante aux médicaments pèse lourdement sur les patients, les communautés et les systèmes de santé. Les traitements conventionnels utilisés à l’heure actuelle peuvent être pris pendant une durée maximale de deux ans, car ils entraînent des effets secondaires terribles tels qu’une perte définitive de l’ouïe ou une insuffisance rénale, ils requièrent des milliers de comprimés et d’injections douloureuses et ils coûtent plusieurs milliers de dollars par personne. La tuberculose ultrarésistante est particulièrement sévère et, jusqu’à récemment, quasiment incurable.
« Je n’ai jamais pensé que je pourrais survivre à cette maladie », a indiqué Ramaz, qui pensait dire adieu à sa femme et à ses filles le jour où il a été hospitalisé.
Mais les nouveaux médicaments contre la tuberculose, les premiers développés en presque un demi-siècle, ont contribué au rétablissement remarquable de Ramaz. Il a été traité par le biais du programme endTB d’Unitaid, qui agit pour développer et améliorer un certain nombre de schémas thérapeutiques plus courts, plus efficaces, moins toxiques, sans injections et plus abordables pour lutter contre la tuberculose résistante aux médicaments.
À ce jour, le programme endTB est le plus gros investissement d’Unitaid qui a aussi la durée la plus longue. Ce programme a débuté sous la forme d’un engagement visant à générer des preuves de référence pour appuyer l’utilisation de deux nouveaux médicaments, la bédaquiline et le délamanide, et à améliorer les options thérapeutiques.
Dans le cadre du programme, une vaste étude observationnelle menée dans 17 pays a contribué à élaborer une recommandation de l’OMS en faveur d’un schéma thérapeutique contre la tuberculose multirésistante, pris pendant neuf mois uniquement par voie orale. Ces directives constituent une étape critique pour accompagner les modifications apportées aux programmes de lutte contre la tuberculose à l’échelle nationale ; l’introduction des traitements par le biais du programme endTB a contribué à leur adoption rapide. Les résultats de l’essai clinique endTB fourniront ultérieurement cette année des informations essentielles pour guider l’utilisation de médicaments nouveaux ou reconvertis dans diverses populations, notamment chez les personnes traitées pour le VIH, le diabète ou l’hépatite C, ainsi que chez les femmes enceintes et les enfants, qui sont souvent exclus des études.
Ces nouveaux développements arrivent à un moment de relative progression de la tuberculose après des décennies de stagnation. L’introduction de la bédaquiline et du délamanide a été suivie par le développement d’autres médicaments, notamment le prétomanide, qui ont contribué à proposer une autre option thérapeutique très efficace dans la lutte contre la tuberculose.
« Nous avons observé une révolution complète du traitement au cours de la dernière décennie », indique le Dr. Philippe Duneton, directeur exécutif d’Unitaid. « Avant le début de ces travaux, le traitement de la tuberculose multirésistante était non seulement long et difficile, mais également en grande partie inefficace. Aujourd’hui, des personnes se rétablissent complètement en une fraction de temps, même celles infectées par des souches tuberculeuses sévèrement résistantes. »
« Personne ne pensait que Ramaz survivrait », précise la Dre Ketevan Barbakadze, qui dirige le service de tuberculose multirésistante et ultrarésistante à Tbilissi qui a pris en charge Ramaz. « Nous avons de nombreux cas comparables. »
D’après elle, l’introduction de ces nouveaux médicaments a eu un véritable « effet Lazare », se référant au phénomène rare dans lequel une personne qui semble décédée montre soudainement des signes de vie.
Malgré les améliorations significatives des résultats chez les patients grâce aux nouveaux traitements, de nombreuses personnes vivant dans les pays où les taux de tuberculose sont les plus élevés ne peuvent toujours pas accéder facilement à ces médicaments.
La toute première réunion de haut niveau des Nations Unies sur la tuberculose, qui s’est tenue en 2018, a défini d’audacieux objectifs quinquennaux visant à réduire le fardeau de la maladie dans le monde. Cependant, les efforts sont loin d’atteindre l’objectif de traiter 1,5 million de personnes touchées par une tuberculose résistante aux médicaments d’ici 2022, et les perturbations et les retards causés par la pandémie de COVID-19 menacent d’inverser 20 années de progrès accomplis contre la tuberculose.
Les nouveaux traitements, même s’ils sont nettement plus abordables que les anciens schémas thérapeutiques moins efficaces, coûtent toujours des centaines de dollars par patient, une somme considérable dans les pays où les ressources sont limitées. Le coût du traitement va au-delà de celui des médicaments : les personnes atteintes de tuberculose sont souvent trop malades pour pouvoir travailler, il leur est de ce fait difficile de prendre en charge leurs dépenses de la vie courante et du traitement.
Par ailleurs, le diagnostic de la tuberculose et l’identification de la résistance aux médicaments sont complexes. Des outils inadéquats ou inaccessibles, associés à un manque de connaissances sur la maladie, maintiennent le traitement hors de la portée de millions de personnes atteintes de tuberculose.
L’appel à l’action de l’OMS plaide en faveur de l’investissement et de l’attention, afin de déployer de toute urgence les traitements actualisés, en veillant à ce que les efforts soient appuyés par des solutions qui améliorent la qualité des soins et la lutte contre la résistance croissante de la tuberculose aux médicaments.
Unitaid poursuit ses efforts pour éradiquer la tuberculose, en tirant parti d’un investissement de 250 millions de dollars américains pour améliorer les traitements et leur observance, faciliter le dépistage, permettre l’accès à des médicaments de prévention de grande qualité et veiller à ce que les enfants, les femmes enceintes, les personnes vivant avec le VIH et toutes les personnes les plus touchées puissent accéder aux soins.
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